La Rébellion des Gilets Jaunes Ebranle le Règne Néo-Conservateur

Yellow-Vest-2018

18-12-2018 – Le weekend dernier “l’Acte Cinq” des manifestations des Gilets Jaunes se sont poursuivi à travers la France. Alors que les chiffres étaient en baisse par rapport au quatrième tour de la semaine précédente – peut-être en raison de la violence policière contre les manifestants, des dizaines de milliers de personnes à travers la France de nouveau se sont rassemblées en face du poing armé de l’État. Certains rapports ont fait indication de 3 000 personnes qui se sont rassemblées à Paris, alors qu’il y en avait 66 000 dans tout le pays – contre 125 000 il y a une semaine.[1] De facon typiquement française, les manifestations anti-gouvernementales, lorsqu’elles éclatent, ont tendance à se poursuivre pendant des semaines. Reste à savoir s’ils peuvent présentement conserver leurs dynamisme.

Les manifestants courageux ont déjà remporté l’une de leurs principales revendications – l’abolition de l’augmentation de taxe sur l’essence et le diesel, qui avait été imposée par le gouvernement comme une “taxe verte”. En même temps, le président français Emmanuel Macron a refusé d’abolir la mise au rebut d’un “impôt sur la fortune”, qui lui a valu la dérision en tant que “président des riches”.[2] Si le mouvement des Gilets Jaunes puisse se poursuivre à travers la France et à inspirer des actions similaires à travers l’Europe, le président français aura du mal à conserver son poste.

Concerné par plus que le coût du carburant

Pourtant, le mouvement des Gilets Jaunes n’est pas seulement concerné par le président Macron, et n’exprime pas seulement une préoccupation au sujet des prix élevés du carburant. Le mouvement sans chef a néanmoins fait circuler une liste de revendications, dont la grande majorité aux sujets du coût de la vie élevé, des charges de travail lourds pour peu ou aucun gain, qui exprime un malaise général en face d’un ordre injuste qui favorise les riches au détriment des pauvres et la “classe moyenne”.[3] En d’autres termes, la rébellion des Gilets Jaunes est un soulèvement contre le capitalisme, mais sans dire cela ouvertemenLe manque de leadership pro-ouvrier limite quelque peu les objectifs du mouvement, mais en même temps, cette distance par rapport à la “gauche” officielle est ce qui a permis son lancement et sa croissance jusqu’à présent. De loin, il semble qu’en France, comme en Australie, ce qui se présente comme gauche est considéré comme bien trop réformiste, et la bureaucratie syndicale comme trop préoccupée par le contenu de ses propres poches. Dans de telles conditions, la révolte contre le régime gouvernemental néo-conservateur devait avoir lieu en dehors de la “gauche”.

Il y en a qui ont prétend que parmi les Gilets Jaunes se trouvent des éléments de droite, voire fascistes, qui tentent de les mener dans cette direction. Alors que les Gilets Jaunes ont jusqu’à présent évité toute association avec tout parti ou mouvement politique, de gauche ou de droite, la direction est jusqu’à présent beaucoup plus à gauche dans la mesure car elle se manifeste contre l’immense inégalité d’un système axé sur les profits. De plus, cela annoncerait peut-être même une révolution pour le redressement des griefs légitimes, et bien d’autres, accumulés au cours de plusieurs décennies. Il y a ici question dune révolte contre l’élite qui non seulement s’enrichit aux dépens des pauvres, mais menace l’existence même de la civilisation humaine. En plus en contraste frappant au populisme de droite qui a peut-être produit d’une manière naturellec le Brexit au Royaume-Uni, Trump aux États-Unis et Bolsonaro au Brésil, les Gilets Jaunes n’ont pas en soi une position ‘anti-immigeant ou anti-Union européenne (UE) raciste.[4]

En réalité, la position du mouvement des Gilet Jaunes au sujet de l’UE fait appel en effect pour un “Frexit” – un retrait de l’UE. Selon certaines revendications qui circulent en leur nom, le Frexit est demandé pour “reconquérir la souveraineté économique, monétaire et politique”.[5] Ici, il y a peut-être question d’un manque de conscience de classe, car si la France devrait quitter l’UE, les ouvriers français seraient toujours soumis à l’oppression de “leur” classe dirigeante. Néanmoins, le contenu n’offre pas d’indice d’un racism fieffé, ce qui a poussé certains Britanniques à voter pour le Brexit. L’UE est un bloc commercial impérialiste, qui cherche à faire baisser les conditions de vie et de travail des ouvriers en Europe entier au profit des classes dirigeantes européennes les plus riches, en particulier les Français et les Allemands. Les ouvriers ont besoin d’une opposition de gauche contre l’UE, ce qui est mis de l’avant par les Gilets Jaunes.

La demande la plus progressiste des Gilets Jaunes est peut-être bien l’appel à ce que la France cesse sa participation aux guerres d’agression étrangères et qu’elle sorte de l’OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord).[6] L’impérialisme français a sans doute participé dans la guerre la plus sale de l’histoire – l’armement et le financement d’escadrons de mort terroristes dans le but de renverser la République arabe syrienne entre 2011 et 2018. Une grande partie de ce qui se fait passer comme la “gauche” a soutenu internationalement cette guerre atroce visant un changement de régime en Syrie, alors donc dans ce sens, les Gilets Jaunes se trouvent bien avancés vis-a-vis le bellicisme libéral. Quant à l’OTAN, il n’est pas exagéré de dire qu’elle continue à menacer le monde avec une guerre nucléaire mondiale. L’OTAN a toujours été un pacte impérialiste anti-russe, qu’il soit sous la forme de l’ex-Union soviétique ou la Russie moderne. Poussée par l’Empire américain, c’est une alliance impérialiste qui amene l’humanité au bord d’une guerre catastrophique. La demande des Gilets Jaunes que la France sorte de l’OTAN remplit partiellement le vide anti-guerre qui découle de la non-opposition libérale aux guerres de l’OTAN contre la Libye et la Syrie. Cela devrait être complété par des demandes similaires de quitter l’OTAN, exigées par les ouvriers des pays de l’OTAN et par des demandes internationales pour son abolition.

De même la demande des Gilets Jaunes de rapatrier tous les soldats français de la “Francafique” – les anciennes colonies françaises en Afrique, de cesser l’ingérence dans les pays africains, et d’etablir des relations égales entre eux et la France[7], signifie pratiquement une demande pour la fin finale du colonialisme français. L’Algérie était seulement la colonie française d’Afrique la plus connue, suivant ses combats pour l’indépendance. Mais “Francafique” comprend aussi le Mali, le Sénégal, la Guinée, le Bénin, le Maroc, la Côte d’Ivoire, la Mauritanie, la Gambie, le Tchad et le Cameroun. L’occupation militaire directe par la France n’est pas simplement quelque chose du passé, ce que les Gilets jaunes mettent à nue.

L’environnement

Les Gilets Jaunes ont été critiqués dans certains quartiers d’avoir ignoré les questions environnementales telles que le réchauffement climatique, étant donné que leur demande centrale (qu’ils ont ensuite remportée) était l’abolition d’une augmentation de taxe sur les carburants. Mais en fait, les Gilets Jaunes étaient bien conscients du danger aigu du dérèglement climatique et ont convenu que des mesures devraient être prises pour y faire face. Leurs seule condition préalable était que les pauvres, la classe ouvrière et des sections de la classe moyenne ne soient pas obligés de payer pour cela – tandis que l’élite riche s’en tire sans les moindre problèmes. En Australie, bien qu’il n’y ait pas eu de révolte ouverte dans les rues, des gens nombreus ont rejeté la “taxe carbone” du gouvernement fédéral précédent du Parti Ouvrier pour des raisons similaires – bien que la droite l’oppose également sur la base du déni du changement climatique.

Le manifeste des Gilets Jaunes contient certainement des mesures pro-environnementales importantes. Par exemple, il demande l’interdiction de la production de bouteilles en plastique, fait appel à affaiblir le pouvoir des grandes sociétés pharmaceutiques de Big Pharma, et exige l’interdiction des cultures OGM (organismes génétiquement modifiés), des pesticides cancérigènes (causant le cancer), les perturbateurs endocriniens (produits chimiques cancérigènes) et les mono-cultures (la culture à grande échelle d’une seule culture sur de vastes champs).[8] Il faut reconnaître que sous un système socialiste, où le motif du profit est absent, les OGM pourraient potentiellement être utilisés dans le but d’augmenter le rendement des cultures afin de nourrir plus de peuples. Dans le cadre de la production privée pourchassant que le profit privé, quand cependant les OGM se trouvent dans les mains des entreprises agro-alimentaires veulent est signe d’un danger crucial. Les Gilets Jaunes se trouvent ici sur la bonne voie, de meme que le président de la Syrie, cible de l’impérialisme lorsqu’il a interdit l’utilisation des OGM dans ce pays en 2012.[9]

Peut-être bien la demande environnementale la plus remarquable des Gilets Jaunes est bien l’appel à ce que tous les produits fabriqués doivent durer au moins 10 ans et à ce que des pièces de rechange d’eux soient disponibles pendant cette période.[10] Et explicitement ils font appel à la fin de “l’obsolescence programmée” – cette caractéristique du capitalisme tardif. “L’obsolescence planifiée” est certainement le cas quand des entreprises manufacturières fabriquent délibérément des produits avec une courte durée de vie, parfois aussi courte que 12 mois. À un certain moment, le capital s’est rendu compte que fabriquer des produits de bonne qualité, avec une longue durée de vie, en fait empêchait les masses d’en acheter encore et encore. Ainsi était née la société du “jetable”, qui incite les gens plus ou moins de se débarrasser des vieilles choses plutôt qu’à les faire réparer. Et en effet, les réparations sont devenues non rentables ou même impossibles à obtenir. La société du jetable n’est qu’un aspect de la pratique intrinsèquement anti-environnementale du système de profit.

Pour la protection de l’État des gens vulnérables

Le manifeste des Gilets Jaunes contient des revendications importantes concernant l’aide sociale et le bien-être des masses. Il réclame par exemple une augmentation de 40% de la retraite de base et de l’aide sociale. Il réclame une augmentation des embauches dans le secteur public visant à rétablir les services publics. Il exige un programme de logements sociaux pour les 5 millions de sans-abris et des sanctions sévères contre des maires qui abandonnent les gens dans la rue.[11] C’est une reconnaissance que le système capitaliste a abandonné et s’est tourné contre la classe ouvrière au cours des 30 dernières années.

Cette offensive est souvent qualifié comme du “néolibéralisme”, mais cela c’est un abus de langage. Le “néolibéralisme” n’est pas un choix politique, mais la phase actuelle du capitalisme. De leur point de vue, la crise du taux de rentabilité du capital les a conduits a pousser des revendications de libérer des zones entières qui etaient auparavant organiser et gérer comme services publics par l’État. L’éducation, le logement public, la santé, l’aide juridique, les transports publics, les infrastructures – tous ces domaines et bien d’autres ont auparavant été entrepris par l’État capitaliste afin d’assurer la rentabilité du capital privé. L’état dirigeait ces sections de l’économie car les capitalists ne pouvaient pas y obtenir un taux de rendement adéquat, et alors ils n’y avaient donc plus aucun intérêt. Aujourd’hui, le capital n’obtient plus de bénéfices adéquats de ces industries dans lesquelles il s’est traditionnellement investi. C’est la raison fondamentale de la vague incessante des privatisations.

Des demands contestables

Malgré la direction généralement progressive du manifeste des Gilets Jaunes, il contient en même temps des revendications qui aident le système oppressif contre lequel même ils se rebellent. Il fait appelle par exemple à “prévenir les flux migratoires qui ne peuvent être accueillis ou intégrés”[12]. Chose qui ne se présente pas comme une position anti-immigration extrême, mais semble de se pencher dans cette direction. La migration massive vers l’Europe ces derniers temps est en grande partie en raison des guerres que l’impérialisme a menées au Moyen-Orient et en Afrique du Nord – un fait reconnu par d’autres revendications des Gilets Jaunes. Mais toujours c’est dangereux de s’engager sur la voie de la tactique centrale de diviser pour mieux régner que les classes dirigeantes utilisent contre les ouvriers. Le capital raconte aux ouvriers involontaires que vos ennemis sont les “étrangers” – et non pas les sociétés obscènement riches. Il faudrait qu’on reconnaît que le grand nombre de migrants qui entrent en Europe pose dans certaines régions certains problèmes. Pourtant, ces problèmes sont mineurs par rapport à l’erreur de se rejoindre avec les classes d’élite, qui ne peux avoir que le résultat inévitable de se trouver à talonner une ligne anti-migrants.

De plus, l’exigence du “quadruplement du budget de l’ordre public” pourrait facilement aller dans le sens inverse de celui qui est recherché. La pleine demande exige l’accès aux procédures judiciaires pour tous[13], ce qui tend vers une évolution progressive. Sous le règne du capital, les classes pauvres et ouvrières ne peuvent généralement pas se permettre de se défendre dans des affaires en justice ou d’en porter devant des tribunaux. C’est encore une fois une autre injustice causée par le règne du capital financier. Toutefois, demander une multiplication par quatre du budget pour les forces de la loi et de l’ordre pourrait très bien signifier quatre fois plus de policiers anti-émeutes par lesquels les Gilets Jaunes seront confrontés dans les rues! Les Gilets Jaunes semblent ici ignorer quelque peu la nature de classe de l’État capitaliste.

Le rôle perfide de la bureaucratie syndicale a été affiché dans un communiqué publié par six confédérations syndicales le 6 décembre. En dénoncant “toutes les formes de violence”, aucune personne a été demandé de se joindre aux manifestations des Gilets Jaunes et il a effectivement fait appel pour des “négociations”.[14] Ces fonctionnaires conservateurs prennent le risque d’être perçus comme ne faisant qu’un avec le gouvernement lui-même, ce qui augmente à nouveau le risque que les ouvriers se vont détourner complètement des syndicats, tombant dans les mains de l’extrême droite.

Malgré le réformisme des fonctionnaires syndicaux bornés, et malgré les demandes parfois contradictoires du manifeste des Gilets Jaunes, c’est dans l’intérêt des ouvriers à l’échelle internationale de rejoindre et/ou de soutenir un soulèvement général contre la domination de la classe capitaliste. Si une avant-garde Marxiste va prendre forme, elle pourrait donner une direction cruciale à un mouvement qui jusqu’à présent demeure sans chef, par nécessité – étant donné le réformisme de la “gauche et le conservatisme des fonctionnaires syndicaux. De la clarté au sujet du rôle politique du capital et celui de la classe ouvrière dans la lutte pour sa libération est primordiale. Le règne des riches doit cesser.

LIGUE OUVRIÈRE

www.redfireonline.com

E: workersleague@protonmail.com

[1] https://www.dw.com/en/fifth-round-of-yellow-vest-protests-in-france-with-3000-in-paris/a-46754716 (18-12-18)

[2] https://www.telegraph.co.uk/news/2018/12/05/macron-mulls-bringing-back-ultra-rich-tax-halt-yellow-vest-protests/ (18-12-18)

[3] https://www.sott.net/article/402396-What-do-the-protesters-in-France-want-Check-out-the-official-Yellow-Vest-manifesto (18-12-18)

[4] http://newsjunkiepost.com/2018/12/07/are-the-gilets-jaunes-todays-sans-culottes/ (19-12-18)

[5] https://www.sott.net/article/402396-What-do-the-protesters-in-France-want-Check-out-the-official-Yellow-Vest-manifesto (19-12-18)

[6] Ibid.

[7] Ibid.

[8] Ibid.

[9] https://www.theglobeandmail.com/news/world/assad-bans-gmos-in-food-to-preserve-the-health-of-human-beings/article4620664/ (22-12-18)